Libre et fier d’être soi !

Libre et fier d’être soi !

S’il y a bien une chose difficile à accomplir c’est de devenir… Soi-même ! D’une part nous ne nous connaissons pas toujours très bien, parfois nous n’assumons pas tout ce que nous sommes, souvent nous croyons vrai ce que les autres pensent de nous, et généralement nous ne donnons à voir aux autres qu’une partie bien infime de notre intégralité. Que vont penser les autres si je me montre tel que je suis ? Que puis-je dévoiler de moi ? Va-t-on continuer à m’aimer si j’expose aussi ma part d’ombre ?

Entre méconnaissance de soi, peur de son regard critique et de celui des autres, une pudeur de bienséance et un besoin de se protéger, nous nous détournons aussi de la force, du courage et de la richesse qui nous habite.

Jacques Attali a écrit ce magnifique passage dans son livre « Devenir Soi » (collection Fayard, 2014, p. 12) :

«  Bien des gens se résignent à n’être, toute leur vie, que ce que les autres ont décidé qu’ils seront ; ils mènent l’existence que les autres, ou les hasards, ont tracé pour eux là où ils sont nés. Par peur. Par paresse. Par passivité. Ils survivent au mieux, trouvant parfois de minces bonheurs dans les anecdotes de leurs destins.

 D’autres croient y échapper en s’indignant ; ils critiquent, manifestent, protestent. Jamais ils ne transforment leur indignation en actes. Ni pour réussir leur propre vie, ni pour améliorer celles d’autres. Où qu’ils soient, ils ne font que se donner bonne conscience et s’inventer d’honorables sujets de conversation.

 D’autres, enfin, refusent le destin que la société, la religion, la famille, la classe sociale, la nation où ils sont nés, leurs moyens matériels, leur sexe, leur patrimoine génétique prétendent choisir pour eux ; ils s’arrachent aux déterminismes de toute nature ; ils se choisissent à leur gré, sans obéir à leurs aînés, des études, un métier, un physique, une orientation sexuelle, une langue, un conjoint, un combat, un idéal, une éthique. Ils quittent parfois leur famille, leur pays. Ils cherchent en quoi ils sont uniques (…) Ils tentent alors de devenir eux-mêmes. Ils ne réussiront certes pas tous. Au moins auront-ils été libres en essayant. »

 

En partant s’installer à l’étranger, nous nous retrouvons dans une terrible situation paradoxale : enfin nous pouvons nous libérer de certaines pressions provenant de notre environnement d’origine et découvrir la liberté de commencer quelque chose de nouveau, mais parfois nous tombons aussi dans une communauté restreinte où les commérages et les ragots font légion. Un conflit interne peut apparaître : puis-je vraiment réaliser mes passions ou même me réaliser moi-même sans être critiqué, jugé et moqué ? Ne va-t-on pas m’arguer « mais pour qui se prend-t-il en se lançant dans des projets ambitieux ? » Peut-être est-il préférable de rester dans une zone de confort, aussi insatisfaisante soit-elle, pour ne pas défier le qu’en-dira-t-on ?

Pourtant, certains décident de profiter du changement de vie que l’installation à l’étranger a provoqué pour s’affranchir du poids du regard de l’autre et pour s’assumer tel qu’ils sont, de la façon la plus authentique possible.

Pour réussir à se prendre en main, une démarche en trois temps doit se mettre en place :

La première est de se découvrir. En faisant un point sur ce qui nous anime vraiment, sur ce qui nous fait vibrer, sur nos talents et nos désirs, on souligne alors notre singularité.

La seconde est de s’accepter. Aussi incongrus soient les chemins de réalisation personnelle, s’ils sont en accord avec ce que nous sommes vraiment, ils ne demandent qu’à être assumés.

La troisième est de se respecter. Malgré les critiques et les pressions extérieures, on renforce ce qui est vrai en nous avec bienveillance et tolérance afin de créer une harmonie personnelle qui nous guide dans notre avancée.

Pour ma part, ma récente séparation est le résultat d’un parcours conjugal complexe qui a abouti à cette décision difficile de changement familial. Dois-je en avoir honte ? Dois-je le cacher alors que je travaille avec plusieurs clients qui vivent eux-mêmes différents types de rupture ? Est-ce de la pudeur que de taire la réalité des challenges qui m’attendent ? Est-ce logique que d’inviter mes clients à accepter leur choix alors que je n’assumerai pas les miens ? Ou bien, suis-je plutôt un exemple qu’il est possible de prendre des décisions difficiles, de vivre des épreuves et en ressortir plus fort et plus intègre ?

Témoigner de cette transition de vie c’est être dans cette logique d’acceptation de soi. C’est être honnête avec mes clients et être en accord avec mon authenticité. C’est me respecter en tant qu’individu vivant également des épreuves. C’est m’appuyer sur mes pensées, mes sentiments et des comportements qui me semblent les plus justes à ce moment-là de ma vie. C’est grandir, apprendre et me renforcer avec autonomie, guidée par mes valeurs et non par la rumeur, les critiques ou l’incompréhension de ceux qui se ferment au dialogue mais s’ouvrent au jugement. C’est être à l’écoute de mes besoins et ceux de ma famille, quels que soient les chamboulements existentiels qui se présentent sur notre route.

Comme le dit Jacques Attali : « Pour vous débrouiller, pour réussir votre propre vie, ayez confiance en vous. Respectez-vous. Osez penser que tout vous est ouvert. Ayez le courage de vous remettre en question, de bouleverser l’ordre établi, d’entreprendre et de considérer votre vie comme la plus belle des aventures. »

Soyez libre et fier d’être vous.

 

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