Il y a quelques semaines, je suis allée passer une semaine à Paris, ma ville de naissance dans laquelle j’ai vécu toute mon enfance jusqu’à l’âge adulte. J’aime bien y retrouver mes habitudes, ma famille, mes amis, les choses qui me manquent depuis ces dix années passées en Californie. Mais j’aime bien rentrer ensuite aux Etats-Unis et retrouver mon quotidien, mes habitudes, mes amis et toutes ces nouvelles choses que j’ai découverts ici. Sauf que cette année, en plein vol de retour, je me suis soudainement demandé : mais où est réellement mon chez-moi ? Est-ce cet endroit que je laisse qui m’a fait grandir, ou bien celui à l’étranger où je me suis créé une nouvelle vie actuellement en pleine zone de turbulences ?

 

En partant s’installer à l’étranger on quitte un lieu familier pour aller vers l’inconnu. On plonge alors dans l’inexploré qui n’attend qu’à être digéré et intégré pour devenir son nouveau chez-soi. Cette période de transition est fait de nombreux paradoxes, ce qui accentue le sentiment de vertige.

Le premier paradoxe se trouve dans le besoin de faire preuve d’élasticité. Comment adopter à la fois une attitude progressiste qui pousse à explorer, à s’ouvrir au monde extérieur et à évoluer, tout en maintenant une attitude conservatrice pour rester fidèle à ce que l’on connaît, pour renforcer ce qui est en soi et exprimer sa différence comme un atout ?

Le deuxième paradoxe concerne la stabilité. Comment réussir à rester stable dans un environnement instable ? C’est-à-dire comment gérer des changements importants autour de soi tout en maintenant une stabilité individuelle et familiale nécessaire à son équilibre personnel ?

Le troisième paradoxe représente le besoin de sécurité. Comment trouver une sécurité interne pour affronter une insécurité externe ? Comment puiser dans sa confiance en soi et son courage pour partir à la découverte d’un monde si inconnu et si différent ?

Enfin, le dernier paradoxe est lié au renoncement. Comment accepter une fin pour mieux accueillir un début ? Comment réussir à partir, à quitter, à dire au revoir, à se détacher, pour mieux se poser, reconstruire, recréer et finalement s’attacher à nouveau ?

 

Et si tout cela ne suffisait pas, ajoutez-y l’anéantissement des repères spatio-temporels. Aujourd’hui, avec les nombreux outils de communication virtuelle, la séparation avec notre pays d’origine n’est plus aussi drastique. Dorénavant nous ne partons plus totalement. Nous pouvons toujours être un peu là et un peu là-bas, informés et en interaction en temps quasiment réel avec plusieurs espaces géographiques. La relation avec l’ici et maintenant est toute relative et elle permet de réduire en partie les contraintes de distance. Le choc des séparations avec les proches est atténué par le maintien de contacts, ne serait-ce que virtuels. Le soutien des proches reste ainsi accessible. En parcourant le monde notre réseau social devient alors plus international. Nous invitons chez nous plus de monde venant de partout et non uniquement par leur présence physique.

 

En partant à l’étranger, nous avons battit ainsi pierre par pierre notre nouvelle maison en dépassant les difficultés et en affrontant les épreuves de la nouveauté. En allant vers l’inconnu, en acceptant la transition et les paradoxes du début, l’ailleurs est devenu chez-soi. La zone de confort s’est élargie pour permettre d’y fonder un hâve de familiarité. Ma maison est là où je me sens bien, quelque part dans le monde à un moment donné de ma vie. En rentrant de vacances, c’est cet endroit-là que je recherche. Ce lieu qui me ressource, qui m’inspire, où je me retrouve. Car ma maison est mon foyer, le lieu où mes enfants grandissent, où je transmets mes principes d’éducation, mon savoir et ma culture, où la qualité dans la relation et l’amour dans les sentiments sont véhiculés, où je les aide à devenir de futurs adultes armés des fondations leur permettant à leur tour de construire leur propre maison plus tard. La maison où je vis est construite des briques de mon enfance, de mon histoire et de mon présent.

 

Ma maison c’est surtout ma vie-intérieure. Se sentir bien c’est avant tout un état intime qu’on ressent en soi et qu’on n’expose pas toujours au regard public. C’est un sentiment de congruence et de bien être où l’on se sent en accord avec soi-même, avec ses valeurs, avec ses désirs, avec ses besoins et avec ses objectifs. Retourner chez-soi nécessite alors de prendre le temps de vérifier si nos actions, si notre environnement et si notre cadre de vie sont en accord avec notre noyau dur identitaire. Le danger est que notre demeure soit devenu un espace aliénant qui nous empêche de nous réaliser, où nous sommes tellement pris par les devoirs domestiques que nous en oublions d’aérer notre foyer plus intérieur. Mais est-ce que la relation entre notre bien-être personnel, notre espace de vie et notre environnement est bien équilibrée ?

Dans ces moments de confusion où nous ne savons plus où se trouve notre maison, prenons le temps d’observer notre habitat et notre cadre de vie. Correspondent-ils à nos aspirations ? Avons-nous bien accordé un espace à nos projets ?

Retrouver sa maison signifie ainsi clarifier :

  • Ce que nous sommes
  • Ce que nous voulons de notre vie et quels sont nos objectifs de réalisation 
  • Ce qui nous fait du bien et ce qui nous ressource 
  • Ce que nous souhaitons transmettre à nos enfants 

 

Même en zone de turbulence, notre maison peut changer d’emplacements et d’ameublements. Les fondations se trouvent en nous et nous permettent de reconstruire ailleurs, comme lorsque nous avons déménagé à l’étranger. S’il est parfois nécessaire de repasser par quelques travaux d’aménagement lors des périodes de transition, au final c’est un chez-soi plus riche qui se battit. Ma maison n’est plus autant une pièce entre quatre murs qu’un choix et une décision, un mode de vie, une acceptation, une paix intérieure. Après mon agréable séjour à Paris, je suis prête à rentrer chez moi… en moi.

 

Si vous avez besoin de faire le point et d’un accompagnement pour mieux vous retrouver où que vous soyez, n’hésitez pas à me contacter : magdalena@intelligence-nomade.com

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